27 octobre 2005

Réflexions personnelles

[Extrait du fragment 19940120~1300 (HL) rédigé à Port-sur-Saône (70)]

Alors que je commençais à penser/réfléchir à ce qui gouverne et ce que je consens à laisser gouverner mon existence (je situe cela vers 12 ans - age symbolique s'il en est), j'aboutis assez rapidement à la conclusion peut-être provisoire suivante :

Adopter comme principe/règle interne/Loi de vie un système logique - au sens où à l'époque je considérais la logique c'est à dire essentiellement non-auto-contradictoire - est une impossibilité de base.

Fidèle au principe du "Faire avec" je finis par accepter cette conclusion comme postulat de départ pour aller plus loin.

La deuxième étape fut à peine plus tard, peut-être 13-14 ans lors de la rencontre de Michel Jeury, "Le Temps Incertain" et le thème de la réalité : "Tu te crois assez malin pour savoir ce qui est réel et ce qui ne l'est pas ?" thème en relation étroite avec ceux de l'identité (le nom, la folie, le double) et de la vérité (y a-t'il une vérité absolue hors de celle d'un sujet percevant, hors d'une vérité subjective ?)

Je peux éventuellement déceler une troisième étape quand, pas mal de temps et un déménagement plus tard, mes études terminées, je suis parti vivre 22 mois, deux années scolaires en Afrique, sur les hauts plateaux de l'ouest du Cameroun en Pays Bamiléké. Là, ça a été : Vas-y petit blanc (23 ans) démerde-toi, avec tes théories sur la vie, tes bouquins, ton violon et ta musique, tes cours à préparer, les joies/les peines, les jouissances et les souffrances !

Et je me suis démerdé, bien obligé.

Pire : J'y ai pris plaisir, à ce travail d'acclimatation, cette illusion de retrouver des universaux (les hommes sont partout pareils) et l'aller-retour incessant de la reconnaissance de l'autre comme alter-ego à sa définition comme complet étranger irréductible.

Les processus de digestion et de décantation avec tous leurs détails scientifiques me servent de métaphore pour dire/décrire/faire part de l'apprentissage dans lequel je me sens en permanence engagé et plus particulièrement à ces moments cruciaux.
Les théories de la perception, même si je ne les ai qu'effleurées, je les utilise pour relativiser, appréhender, voir le monde et agir, et parler aux "autres" de ce monde tel que je le vois.

Les techniques des mosaïques, des puzzles, de la peinture impressionniste, de l'holographie, des réseaux complexes multidimensionnels (genre hypercubes) me sont d'autres métaphores mais je me demande si ces collections, ces bribes éparses s'organisent en système, hormis le fait qu'en moi elles s'intègrent quoiqu'à des moments différents la plupart du temps, rarement de manière synchronique.
B. WERBER parle dans son encyclopédie du savoir relatif et absolu (ESRA) du lion de la folie, à soigner mais pas trop : Attention au backlash/retour de manivelle !

Étonnamment folie peut rimer aussi bien avec absence de tout système - délire total incohérent, perte de contact avec la réalité - qu'avec trop de système : système paranoïaque ou schizophrénique ou maniaque hyper-logique, bouclé, verrouillé. Ici comme parfois ailleurs, la voie moyenne, le fil du rasoir, l'équilibre balancé est à privilégier.

Aujourd'hui, tant bien que mal, je/ça fonctionne sur ce mélange sapiens/demens sans pouvoir déterminer qui contient l'autre : est-ce la structure, le système qui organise/intègre même l'inorganisable, inintégrable en un métasystème d'une logique d'un ordre supérieur, plus englobant ou bien l'irréductible faille de tout système qui met le chaos jusqu'au coeur même du plus parfait cristal ?

Boucle d'indécidabilité,
Spirale de la dialectique raison/irrationnel,
Marche sur deux jambes : la gauche, sinistre, folle, chaotique, irrationnelle et la droite raisonnable, organisatrice et structurante.

26 octobre 2005

Départ


(extrait des fragments 19880309 et 19880316 initialement écrits respectivement dans un hotel de Redon et dans un bar de Pleurtuit)

CONFÉRENCE

La conception d'univers de synthèse à l'aide des différentes techniques dont disposent aujourd'hui les sciences spéculatives et mentaliques - du moins celles qui pour l'heure sont opérationnelles - ouvre dès à présent l' accès au plus formidable champ d'expérimentations potentielles qu'ait jamais pu rêver aucun des groupes humains qui nous ont précédés dans l'histoire.

Cette opinion a été émise pour la première fois par l'un des plus puissants visionnaires qu'aie connu la fin du XXème siècle de l'ère chrétienne, le maître américain Horselover K. Fat. L'essentiel de sa doctrine - au sens de corpus gnostique structuré non clos - fut élaborée en fait, précisément durant la période temporelle allant du mois de mars 1963 au mois d'août 1975 (selon la Chronologie Chrétienne Centrale), ses publications ultérieures n'étant, il le reconnaissait lui-même volontier, que des remaniements mineurs, utiles à l'exégèse de sa pensée, mais en fin de compte marginales dans son oeuvre.
Mon propos, ce soir n'est bien entendu pas de répertorier et moins encore d'analyser les thèmes qui parcourent intensément cette oeuvre magistrale, mais plutôt d'essayer d'attirer l'attention sur quelques points précis de cette "théorie métathéorique" puisqu'en fin de compte c'est effectivement sous cette désignation qu'elle est venue à la connaissance du grand public.
J'ai retenu trois de ces points d'intétêt particuliers :

1) L'aspect interprétatif : la possibilité, offerte dans le cadre de cette "new theory" de voir dans l'histoire évolutive de l'encéphale chez les primates supérieurs, du tertiaire jusqu'à notre ère anthropique présente, comme une tentative pulsionnelle (au sens des psychanalystes) de l'univers pour s'auto-re-produire ;

2) L'approche gnostique/historique : ce n'est pas verser dans l'européocentrisme effréné ni le judéochristianisme bien pensant que de déclarer que le destin de notre monde actuel/potentiel est indissolublement lié aux modes de pensée et d'analyse issus des peuples et territoires méditerranéo-celtiques. assurément, il est vrai, le devenir de ces "Weltanschauungen" n'est plus à l'échelle locale mais dépasse et transcende les frontières historico-ethniques. Chez Fat, le jeu des "miroirs étrangers" qui renvoient (déformés) les images de notre monde techno-structuré, ainsi que les extrapolations sociotemporelles floues et mouvantes visent toujours à une prise de conscience d'une réalité plus profonde chez l'adepte/lecteur ;

3) La vision métaphorique/critique : les thèmes de son oeuvre sont, sans exception ceux des grandes questions existentielles et intemporelles reformulées par son génie et les apports spécifiques à notre temps, mouvance généralisante/relativisante, totalitaire et libertaire. Dans cette optique, son écriture peut être lue comme un essai métaphorique cherchant à intégrer les bouleversements sociétaux, les percées technico- scientifiques et les réveils récents du mysticisme militant, dans une vision globale polycentrée.

Globalité et polycentrisme, on peut sans risque de se tromper, affirmer que des deux termes sont les clés majeures de l'oeuvre que nous scrutons ce soir. Il s'agit ici, soyons-y attentifs, de définir les termes et les modalités du rapport qu'entretiendront dans l'avenir ces deux pôles-attracteurs que sont les approches globalisantes et les cheminements polycentriques.

(fin de fragment)

24 octobre 2005

Est-ce sérieux ?




"Les questions les plus profondes de la métaphysique sont exprimées dans les phrases les plus courantes de la vie quotidienne. Qui croyez-vous donc être ? Qui a commencé ? Allons-nous y arriver ? Qu'est-ce qu'on va faire ? Qui est-ce qui s'en charge ? Où diable croyez-vous que vous allez ? Où est-ce que j'interviens ? Où en est-on ? Où suis-je ? Qu'est-ce qui se passe ? Qui est qui ? En êtes-vous sûr ? Où va-t-on se retrouver ? Etes-vous là ? Mais je crois qu'il y en a une qu'il faut poser au tout début : est-ce sérieux ?"
Alan Watts : Etre Dieu, éditions Denoël


C'est dans un livre de Michel Jeury dans un petit roman "L'anaphase du diable" paru au Fleuve Noir qu'au détour d'une page j'ai lu cette citation.



Je ne connaissais pas Alan Watts mais ces quelques lignes, citées dans le roman par Vigilance 1 le veilleur, fidèle assistant cybernétique de Lo-An, princesse Bajjium de Yore, m'ont suffisemment intriguées qu'à l'occasion d'un passage au Furet du Nord, la grande librairie lilloise, j'ai acheté le livre dont elles sont issues. J'ai apprécié sa lecture. Par la suite j'ai appris que Watts fut l'un des introducteurs du bouddhisme tibétain en californie dans les années '70.

Ceci n'est qu'un exemple en fait de ma manière de passer d'un livre à l'autre. Je suis particulièrement attentif aux exergues et dédicaces des auteurs en début de roman ou d'essai. A défaut, je regarde les remerciements à la fin ou scrute les auteurs publiés dans la même collection. J'apprécie particulièrement le fair play des éditeurs qui n'oublient pas de citer les livres de leur auteur publiés chez d'autres.

C'est ainsi que je chemine, d'un livre à l'autre, d'un auteur au suivant sur mes listes personnelles, un peu comme un surfeur du ouèbe passe d'un hyperlien à sa cible.

Je vous laisse toutefois répondre à la question de départ : Est-ce sérieux ?

23 octobre 2005

Eclaircissements, motivations & Co

[Depuis ma chambre-bureau, quelque part entre Beauce et Gâtinais]

Bonjour à toutes et tous,

C'est étrange pour moi d'intégrer cette tribu protéiforme des bloggueurs.
C'est un processus qui m'amènera - qui m'amène déjà - à dévoiler, à dire et à retranscrire des choses qui remontent parfois à bientot 20 ans. Des réflexions et des sentiments qui m'ont parcourus et me parcourent encore. Il y aura donc un mélange de choses du passé et de réactions au présent.

Ne vous attendez pas à du croustillant. Je suis trop pudique pour livrer cela ici, du moins pas sans précautions. L'intitulé initial du carnet dont je retranscris ici des bribes est "STUDIES AND RESEARCHES ON GENERALISED THEORY OF RELATIVITY (personal notes, reflexions, usw.)"
Un surtitre a été rajouté ultérieurement, celui de "Cameroon notebook"
J'en suis l'auteur quoique je ne sache pas très bien préciser quelle part ou plutot quelle facette ou aspect de moi en est l'auteur en fin de compte.
Sur la page de titre de ce carnet il y a des "special thanks" des remerciements adressés à des prénoms parfois suivis d'initiales en guise de noms.
Je vous les recopie ci-après :
Special thanks to : Herbert-George, Jules, Guy, George, René, Howard-Philip, Michel, Philip Kindred, William, Peter Paul and Mary, George H., John, Paul and Richard, Klaus and Jacques, Bill D., Terminal phase of lepidopteras' metamorphosis, Francis, Arthur C. and Stanley...also Richard B. and Jonathan.Sans oublier Claire B., Annie G., Benoite G., Marie C., Françoise D., Marie-Paule B., Isabelle M., Diane D., Fabienne T., Noëlle W., et j'en oublie encore...

J'ai commencé en fait à tenir ce "journal épisodique" qui est tout sauf régulier pour sans doute garder trace - pour moi même d'abord - de choses qui sans cela passent et s'oublient. Il peut se passer des mois, parfois des années sans que j'y inscrive une ligne. Je tiens à cet aspect lacunaire, irrégulier, imprévu des entrées de ce journal. Les silences sont pour moi quand j'y repense tout aussi parlants que les passages écrits (les fragments datés).

Bonne lecture !